Bonjour Nicolas, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je m'appelle Nicolas Gosnet, j'ai 43 ans. J'ai passé mon enfance entre Courcy et Reims et j'habite aujourd'hui à Brimont sur mon exploitation, l'ancienne ferme de ma grand-mère maternelle, avec ma compagne et son fils. J'y suis vigneron, j'ai repris les vignes en 2016 et créé ma cuverie en 2022.
Quel est votre parcours avant cette reprise des vignes en 2016 ?
Après un bac S passé à Reims, j'ai fait des études dans le sport jusqu'à un Master 2 que j'ai passé à Montpellier. J'ai travaillé dans le sport, notamment le triathlon, jusqu'à une blessure au poignet qui m'a obligé à me réorienter professionnellement. J'ai ensuite travaillé dans l'éducation nationale où j'ai repassé un deuxième master puis en 2015 je suis revenu sur mes terres natales où j'ai décidé de reprendre les vignes. J'ai alors suivi une formation à distance (BPREA) à Avize (51) pour compléter mes connaissances sur la vigne et la vinification.
Vous dites que vous avez fait des études dans le sport, pouvez-vous m'en dire plus ?
J'étais sportif, je faisais du triathlon et j'ai été pris dans un pôle régional d'entraînement à Montpellier où j'ai terminé mes études. Le triathlon m'a permis d'avoir une très bonne connaissance de mon corps, m'a appris à persévérer dans ce que j'entreprends et surtout qu'on peut toujours travailler pour s'améliorer.
Quel lien pouvez-vous faire entre votre carrière sportive et votre carrière viticole ?
Le dépassement de soi, ne pas rester sur ses acquis et toujours chercher à évoluer. Ce que j'applique dans les vignes par exemple en arrêtant les désherbages chimiques et par la suite sortir de ma zone de confort en débutant la vinification.
Qu'est ce qui vous a poussé à reprendre les vignes ?
J'ai fait plein de boulots et petits boulots avant dans lesquels je n'étais pas forcément épanoui, hormis mes étés en tant que sauveteur sur les plages dans les sud. J'ai souvent été limité par mes hiérarchies dans ma manière de vouloir exercer mon métier et le travail en extérieur me manquait.
Quelle est l'histoire des vignes familiales que vous avez reprises ?
Ce sont des vignes que mes grands-parents maternels ont plantées dans les années 1960 et que mon oncle a exploité pendant plusieurs années. Ma mère n'en exploitait qu'une petite partie dans laquelle j'ai travaillé étant enfant. J'en ai d'ailleurs planté une parcelle en Chardonnay avec toute ma famille en 1990 qui a été la première que j'ai vinifiée. Aujourd'hui j'exploite la moitié des vignes familiales et m'efforce de prolonger au mieux le savoir-faire ancestral qui me vient de ma grand-mère originaire du Cher où sa famille possédait déjà des vignes. J'ai appris avec elle à lier au jonc de mer, et nous avions à l'époque les seules vignes du village à être encore liées au jonc de mer.
Donc vous avez repris les vignes en 2016, qu'est ce qui vous a donné envie par la suite de créer votre marque de champagne ?
En travaillant en tant que viticulteur cela donne la chance de pouvoir faire goûter le fruit de son travail. Il n'y a pas beaucoup de jobs dans lesquels ce partage est possible. De plus le travail dans les vignes se fait pour ma part en grande partie seul dans les vignes tout au long de l'année. Le fait de commercialiser me permet d'avoir un contact avec des gens et de parler de ce que j'aime.
D'où vient de le nom champagne Gosnet Roquet ?
Gosnet c'est mon nom de naissance et Roquet celui de mes grands-parents qui ont planté les vignes. Je n'ai pas connu mon grand-père, c'est donc ma grand-mère Odette Roquet et ma mère Denise Gosnet (née Roquet) qui m'ont appris à travailler la vigne. C'était donc naturel pour moi d'ajouter leur nom, qui est aussi une partie de moi, à ma marque de champagne.
Et pourquoi avoir maintenant fait le choix de vinifier chez vous ?
Jusqu'à présent je passais par une coopérative. Malgré le fait que cette coopérative fait un excellent champagne j'étais frustré de ne pas savoir ce que donnaient mes raisins en vin puis en champagne. De plus j'ai rapidement pris la décision d'arrêter le désherbage chimique et en passant par une coopérative je devais forcément mélanger mes raisins avec des raisins provenant d'exploitations n'ayant pas les mêmes valeurs écologiques que moi. Puis en 2020 la coopérative m'a permis, en association avec un autre coopérateur ayant la même vision environnementale que moi, de faire un pressoir avec chacun une de nos parcelles puis de faire vieillir ce vin en fûts de chêne (plus de 15 fûts différents). C'est à la dégustation de chacun de ces fûts que j'ai pu découvrir les différents parfums que peuvent apporter chaque fût et que j'ai eu l'envie de vinifier moi-même sur bois et non en cuve inox. Je trouve le travail avec les fûts, puis depuis peu mon foudre, plus intéressant. Cela apporte plus de complexité au champagne. La matière est plus vivante et plus naturelle.
Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer en vinifiant chez vous ?
La première a été financière. Il faut pouvoir investir pour les fûts, la climatisation de la cuverie, de la cave, le lieu, le matériel de stockage, etc. Je n'ai qu'un hectare et donc des fonds limités pour les investissements. De plus, les futures bouteilles doivent être stockées au minimum 3 ans (+1 an de vinification en fûts) avant de pouvoir être mises en ventes. Ceci ne m'empêche pas chaque année d'augmenter petit à petit la taille de ma cuverie.
La deuxième a été mes connaissances dans la vinification. Ma famille est toujours passée par la coopérative et je n'avais donc pas d'expérience dans ce domaine. J'ai donc bénéficié des services d'un œnologue conseil (Gaylord du cabinet de conseil indépendant Alter'Oeno) aux côtés duquel j'ai beaucoup appris. Il m'a surtout permis de réaliser un champagne qui me ressemble.
Et la troisième serait la peur de l'échec, mais il m'a fallu me lancer pour savoir si cela en valait la peine. Avoir Gaylord à mes côtés m'a permis de me rassurer et d'affirmer mes choix.
Comment ces choix se retrouvent-ils dans votre champagne ?
Mon but est de faire un champagne qui se rapproche le plus possible du goût du raisin. Très peu dosé en sucre, avec des raisins cueillis à une maturité optimale quitte à faire des pauses pendant les vendanges ou au contraire à embaucher plus de personnes pour aller plus vite. J'essaie de faire des vins fruités, complexes et très savoureux en limitant le nombre d'ajouts dans mes vins. Je travaille en parcellaire quand les années et la nature me le permettent, sinon je regroupe des parcelles aux qualités organoleptiques proches.
Vous parlez souvent de nature et d'environnement, pourquoi ne pas vous certifier bio ?
Je n'ai qu'1 hectare et j'ai repris les vignes il n'y a pas si longtemps que cela, je n'ai pas les reins assez solides pour me permettre de prendre le risque d'une récolte moyenne ou décevante. En 2021 j'avais commencé à traiter en bio mais j'ai été content de pouvoir passer 1 ou 2 traitements conventionnels pour sauver ma récolte, ce qu'une certification bio ne m'aurait pas permis. Je suis certifié HVE/VDC et j'essaie au maximum de traiter mes vignes en bio. Les vignes que je vinifie depuis 2022 sont toutes en bio mais je ne m'interdis pas de faire quelques traitements conventionnels plutôt qu'une dizaine de traitements bio si l'année le nécessite. De plus, maintenant que je vinifie, j'ai besoin d'avoir du raisin de qualité optimale pour pouvoir faire du bon champagne.
Un petit mot pour conclure ?
Je suis passionné par mon métier et aime partager cette passion, n'hésitez pas à prendre contact avec moi et à venir me rencontrer. Je vous recevrai avec le plus grand des plaisirs pour un moment de partage : dégustation, visite de l'exploitation, découverte de mon métier, achat de champagne... Je saurai m'adapter à vos demandes !
